La naissance et l’ascension de la famille HRIS, fondateur du Mosaic Rap
La HRIS Family
En exclusivité une interview des membres de la HRIS (History Repeats It Self).
La création du collectif remonte à 2003 à Boston, lorsque les deux rappeurs Bugsy H. et Kage, tragiquement décédé en 2015, ont décidés d’associer leurs talents pour assouvir leur passion commune pour le Hip Hop. Le collectif a depuis bien évolué avec des rappeurs et producteurs de différents horizons, même si les talents sont variés c’est toujours avec cette passion commune qu’ils exercent leurs talents dans différents styles. Depuis la création, Matticz, S18, Non Chalantly et G Stacks ont rejoint le collectif en tant que rappeurs, Mindframe, Kesti, Isaac No Beats, originaire du Brésil, KT et Maesto derrière les platines.
Aussi appelé la Hewitt Family, nom qui dérive du remake de Texas Chainsaw Massacre, le groupe avait en effet une tendance horrorcore à ses débuts, qu’ils ont conservé au fur et à mesure de leurs réalisations en solo ou en groupe. Véritables fondateurs du Mosaïc Rap, un style de rap où l’art du maniement des mots est au service de la réflexion, des émotions et de la pensée, le groupe a aujourd’hui de nombreuses réalisations à son actif qui oscillent entre horrorcore, conscience sociale et introspection sur des beats à la fois sombre et Jazzy alliant mélancolie, dramaturgie et dureté. Mais ce n’est ici qu’un simple échantillon de ce que le groupe a pu offrir au cours de son existence et de ce que le groupe nous prépare pour les années à venir.



Nous avons aujourd’hui, Bugsy H. membre fondateur, et Maestro, le dernier arrivé dans la famille, pour nous parler de leur parcours, leur style, leur rencontre, et surtout des projets du collectif.
L’interview
D’où venez-vous ? Quand avez-vous commencé à rapper/produire ? Qu’est-ce/qui vous a donné cette motivation ?
Maestro : Je suis de Canton, en Géorgie, un peu au-dessus d’Atlanta, principalement à la campagne, une ville très calme. J’ai commencé à produire pour la première fois en avril 2021. J’avais toujours voulu faire de la musique mais j’étais « dans et hors de la vie » à cause de ma dépendance à la drogue. J’ai eu beaucoup d’inspiration quand je suis devenu clean, pour essayer de nouvelles choses et je suis tombé amoureux du beatmaking.
Bugsy H. : J’ai grandi à Boston Mass. Je suis d’origine cubaine et péruvienne. J’ai appris à rapper en regardant les plus grands, mais j’ai appris à structurer les chansons avec mon mentor Stephen Route. Ma première introduction au rap a été Dr. Dre et The Chronic, suivi par Nas et le Wu-Tang. J’ai commencé à écrire à dix ans, j’ai commencé à enregistrer des mixtapes vers douze ans.
De ton côté, quand as-tu commencé à écouter du Hip Hop ? Quelles sont tes plus grandes sources d’inspiration ? Comment décrirais-tu ton style de production ?
Maestro : J’ai toujours été un fan de Hip Hop. Cela a commencé avec ce que j’entendais à l’époque, Kendrick Lamar, Drake ou Travis Scott. Mais quand j’ai grandi, j’ai commencé à me plonger dans l’histoire du rap. Je me suis mis à écouter Madlib, MF DOOM ou Mobb Deep. Je m’inspire beaucoup de Griselda, DJ Muggs et The Alchemist. Mais je m’inspire aussi beaucoup de la musique classique et du jazz, des sons Soulfull. Sans oublier les trucs lourds et sinistres. Je dirais que je me situe dans le monde de Griselda. Je suis un grand fan de Nicholas Craven, dès que je suis dans la voiture, j’écoutes ses morceaux. Je suis un looper, c’est sûr. J’aime beaucoup les classiques et les trucs des années 70 sont tout simplement incroyables. J’ai encore beaucoup à apprendre et je dirais que je suis investi dans le son, surtout organique, brut, bien Hip Hop.
Depuis combien de temps es-tu membre de la famille ? Peux-tu décrire brièvement la fondation et l’ histoire de la famille ?
Bugsy H. : J’ai formé HRIS il y a 15 ans. Kage et moi formions un duo appelé à l’origine the Savage Brothers mais nous nous sommes rencontrés avec O et avons formé HRIS (History Repeats It Self). Après avoir rencontré Matticz, il était le dernier membre original mais il a toujours eu une porte évolutive qui comprend de nombreux emcees tels que S18, G-Stacks, Crucial, LILC843, Non Chalantly Zay, SaSa & Silencer pour en nommer quelques-uns.
En tant que nouveau membre de la famille HRIS/Hewitt, qui t’a présenté à l’équipe ? Pourquoi as-tu choisi de rejoindre la famille ? Sur quel type de projet tu travaillais avant de rejoindre la famille ?
Maestro : J’avais juste fait des beat tapes et des chansons pour mon propre plaisir. Je n’avais jamais fait d’album avec quelqu’un avant Bugsy. J’ai rencontré Bugsy par l’intermédiaire d’un producteur commun, j’ai vraiment été séduit par sa musique et sa créativité. En plus de ça, c’est un mec très terre à terre. Je lui ai envoyé quelques beats, il a adoré. Nous avons commencé à construire The Portal Tape. J’ai rencontré la plupart des membres de l’équipe par l’intermédiaire de Bugsy, il m’a aidé à m’engager dans ce projet, nous avons beaucoup de choses en cours. HRIS est clairement mon style, et ils ont des histoires que le monde a besoin d’entendre. J’ajoute mon histoire au projet.
Comment en es-tu venu à prendre Maestro sous ton aile ? Pourquoi l’avoir présenté à la famille ?
Bugsy H. : Je suis tombé sur Maestro par l’intermédiaire de Shayne Sharpe. Nous avons eu une longue conversation au téléphone et le courant est passé instantanément. Nous avons beaucoup de choses en commun. Je vois en lui la même faim que j’avais en 2003 à mes débuts. Lui et Zay sont les nouveaux visages de HRIS et je suis fier qu’ils fassent partie de la famille. Il m’a semblé être la personne idéale et a défié mon éthique. Je parlais d’un album commun et il m’en a déjà proposé trois, le nombre a encore grandi ! Il est une grande motivation pour tout le monde, il nous aide à rester concentrés. Inutile de préciser que sa production est une pure représentation du mouvement rap Mosaic.
Vous avez plusieurs projets ensemble, comment avez-vous eu l’idée de ces projets/concept albums ? Pouvez-vous les décrire ?
Bugsy H. : Nous prévoyons de sortir The Portal Tape au début de l’année prochaine avec un peu de chance, quand nous avons parlé pour la première fois d’une collaboration et nous sommes arrivés à la conclusion que THE PORTAL TAPE serait notre premier titre et notre première sortie. Pour nous, Portal Tape se base sur la magie du temps et sur tous les éléments « in the moment » de la création musicale. Nous avons l’impression de voyager dans le temps, lui en produisant et moi en écrivant. C’est un voyage pour lequel nous voulons que tout le monde soit à bord. Maestro comprend vraiment l’essence et les pouvoirs de la création. Il connaît les pouvoirs de ta première pensée, ta première intuition, le côté brut de celle-ci.
Maestro : Nous avons beaucoup d’idées. Pour nos deux projets, nous voulions un son spécifique qui corresponde aux histoires. Du jazz soul, des samples fous, des scènes coupées. Ça va être fou. Je travaille aussi en ce moment sur un projet avec Nonchalantly Zay, on a beaucoup de travail et de projets à accomplir.
Vous prévoyez également de sortir The Wild & Wacky Adventures of the Handy Gram Savage, comment as-tu trouvé le concept ? Comment imagines-tu l’atmosphère et les sonorités du projet ? Pourquoi penses-tu que Maestro est le meilleur producteur pour ce projet ?
Bugsy H. : The Handy Gram Savage était un alias que j’ai eu pendant un certain temps. Je pense que la plus grande erreur de perception de l’album est que les gens vont penser que c’est un album sur la drogue et la façon de la créer ou de la consommer et ce n’est pas le cas ! Le but est de raconter les expériences personnelles qui vont avec. On ne peut s’identifier que si l’on comprend le sens de l’album. J’espère que mon fils ne prendra pas les mêmes décisions stupides que moi. Le nom est venu quand l’ami de Kage a eu besoin d’herbe. Il pensait que je n’en avais plus, mais je lui ai dit que je gardais toujours quelque chose près de moi. Il m’a dit : « Merde, tu gardes toujours quelque chose à portée de main, tu es comme le Handy Gram Savage », alors ça s’appellera » The Wild & Wacky Adventures of the Handy Gram Savage « . C’est vraiment un jeu d’expériences personnelles à travers les bons et mauvais moments de la défonce. Maestro a aussi son histoire à raconter, il a aussi une forte corrélation avec le thème. Nous ne voulons pas vous encourager à prendre des drogues, mais simplement vous faire prendre conscience de ce qu’elles peuvent vous faire.
Prévoyez-vous d’autres projets avec d’autres membres de la famille ? Pouvez-vous en parler ?
Bugsy H. : Nous n’avons pas le luxe de ralentir. S18 a son album THE BRONZE EDITION et nous avons le nôtre, The Museum of CRHYME Art, qui sort bientôt. De plus, Non Chalantly sortira bientôt un album avec Maestro, qui est en préparation. Quelques albums de HRIS sont aussi à venir ! Travis County 3, IFC, Museum of CRHYME Art, Night Terrors sont tous enregistrés, mais ils ne sont pas encore sortis ! Beaucoup de chose arrive.
En tant que fondateur du rap mosaïque, quelle est ta définition du rap mosaïque ? Comment le ressens-tu ? Vos prochains projets suivront-ils ce mouvement ?
Bugsy H. : C’est une vague constante d’émotions brutes conscientes, sans restrictions ni limites. Maestro m’aidera à assembler ce futur puzzle avec moi.