Après un album beaucoup plus personnel, Sanctuary, qui succédait à la naissance de son fils, Bugsy H. est de retour avec un nouvel album, SABA2, une suite de son album Sabato. Un album qui était musicalement sombre avec des tendances à la fois harcdore et horrorcore, tout en étant très lyrical avec des réflexions personnelles sur la vie et le monde qui nous entoure. L’album reflétait la philosophie du rappeur avec un concept qu’il a lui-même inventé et baptisé Mosaïc Rap. A l’écoute de l’album, ce mot prenait tout son sens, les mots s’assemblaient comme un véritable puzzle de réflexions et d’émotions communiqués par le rappeur, comme une mosaïque artistique et musicale.
Le titre de l’album n’avait déjà rien d’anodin et reflétait la volonté artistique de Bugsy H. Sabato n’est autre que le surnom donné à l’architecte Simon Rodia, qui a inspiré le rappeur dans son concept de Mosaic Rap. Comme l’architecte, le rappeur assemble des mots pour construire son œuvre. Comme il l’indique lui-même, l’album devait originellement s’appeler Sabato 2. Sans surprise, c’est une construction de l’architecte qu’on retrouve sur la couverture de l’album, la Watts Tower.

Bugsy H.
Sabato was a nickname of the architect and builder Simon Rodia he build the Watts Towers. I was smoked out once and watched a doc on YouTube about him randomly and already started piecing things together as he did with the structures. So originally I was going to call the Album Sabato 2 but I figured Saba2 had a better ring to it
SABA2 suivra le même concept, toujours centré sur les mots et la volonté de leur donner un sens et une poésie une fois assemblés, ce que le rappeur fait merveilleusement bien. Contrairement à Sabato qui avait une atmosphère très dark, SABA2 propose des ambiances beaucoup plus éclectiques tout en restant cohérentes, ce qui renforce une nouvelle fois ce concept de mosaïque. Il parvient à nous emmener dans des univers à la fois sombre, à la fois triste, et à la fois comique. Mais globalement l’album est beaucoup plus laid-back que précédemment.
Comme une comédie, l’album conte les péripéties du rappeur en nous emmenant dans ses histoires de quartier avec des références nombreuses à son quartier natal de South-End à Boston. Pourtant, le rappeur se réfère aussi à Los Angeles, la ville du cinéma, on se fond dans des histoires hollywoodiennes avec des retours perpétuels à ses origines. Le morceau introductif Bridge In Bridge Out évoque d’ailleurs ses aller-retours constants entre ses histoires de South-End à Hollywood, tout en étant également une référence au pont qui sépare Bay village et South-End. Une référence directe à sa rue, 290th section of Shawmut Ave, se cache d’ailleurs dans une punchline pleine de sens, elle se veut humoristique tout en ayant un sous-entendu dans sa signification réelle.
Bugsy H.
Could grill a steak off the Civic that your Uncle had exploded hold it. Ave was noticed by the globe came to show and quote us

Dans toutes ses histoires de quartier, la première source d’inspiration du rappeur de Boston reste son fils. Un simple regard où il entre-aperçoit son sourire lui donne les mots pour écrire, une manière de le ramener à la réalité de la vie, les choses simples qui font le bonheur, mais aussi les difficultés du monde qui nous entourent. Une source d’inspiration qui pousse aussi à la réflexion tout en provoquant de fortes émotions, c’est pourquoi l’album peut se montrer à la fois triste et amusant, à la fois terre-à-terre et philosophique, à la fois tragique et comique. Une nouvelle fois on retrouve cette notion de mosaïque, un puzzle sur la vie qui se montre aussi très introspectif.
Le morceau préféré du rappeur lui-même représente directement ces différentes notions mêlées entre elles. Damn Birdy revient sur la mort tragique d’un ami d’enfance suite à une overdose. Le morceau renvoie une sorte de colère tout faisant une digression sur l’impact de la drogue dans son quartier natal. Une histoire personnelle pleine d’émotions qui permet de critiquer habillement la société tout en étant expliquant les circonstances d’une telle tragédie dans un quartier défavorisé.
Même si Bugsy H. est un excellent parolier qui sait donner du sens aux mots, il se montre aussi capable de rapper de manière beaucoup plus spontané. Quatre titre de l’album n’ont pas été écris mais rappés en freestyle à la manière dont Biggie et Jay-Z le faisaient. Calls We Had fait partie d’entre elle et revient sur son ami S18 et son séjour en prison pour un morceau personnel plein de sincérité, qui aborde une partie déprimante et difficile de la vie du rappeur.



Bugsy H. nous emmène une nouvelle fois dans ces réflexions avec un retour au Mosaïc Rap, toujours pleins d’émotions, de frissons, d’introspection. Le rappeur sait définitivement donner un sens personnel et sincère aux mots qu’il emploie. Un album qui définit lui-même comme un verre brisé, une mosaïque tranchante, qui peut définitivement blessée lors de sa conception de par sa sincérité.