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Quand je parle de la fusion du Jazz et du Hip Hop a un public non initié, on me regarde avec de grands yeux écarquillés et la première question qui vient est généralement « Comment ces deux musiques pourraient-elles bien se mélanger ? ». Pourtant, chaque amateur de Hip Hop sait que le Jazz est l’une des premières sources d’inspiration du mouvement, et notamment depuis le début de l’âge d’or en 1987.
Alors que le Gangsta Rap a eu tendance à ternir l’image de cette musique auprès d’un grand public bien-pensant pour son caractère violent et misogyne, le Jazz-Rap revient comme l’un de mes premiers arguments pour démontrer que le Rap est une musique qui a beaucoup à offrir dans sa diversité.
La fusion du Jazz et du Rap a connu sa période de gloire dans les années 90, avant de connaître un déclin à la fin de la décennie, bien que certains artistes continuent de faire perdurer le sous-genre bien au-delàs de cette période. Beaucoup de parallèles existent entre ces deux musiques si on remonte légèrement aux origines de chacune d’elles avant leur rencontre.


Autre le fait qu’ils s’agissent de musiques afro-américaines dans les deux cas, leurs origines respectives sont similaires. Avant d’être plus intellectualisées et un moyen de s’exprimer, ces deux musiques sont nées des milieux défavorisés comme une musique de fête, respectivement à la Nouvelle Orléans pour le Jazz et à New York pour le Rap. On a tendance à oublier les origines même du Rap, mais il ne faut pas oublier que le Hip Hop nait au milieu des années 70 d’une fission entre le Disco et ce qui deviendra le Hip Hop, le MC et le DJ ayant pour seul but d’animer l’assemblé dans les clubs. Le Jazz avait les mêmes intentions à sa création dans les années 20, il s’agissait d’une des musiques les plus jouées dans les clubs durant la prohibition aux États-Unis.
Si leurs origines sont similaires, leurs histoires le sont tout autant. Comme indiqué précédemment, ces deux musiques vont devenir un moyen de s’exprimer, si le Jazz s’exprime par la musique, le Rap s’exprime par les rimes. Les deux musiques peuvent être vues comme une musique de liberté, un moyen de s’émanciper et un moyen de s’élever. On retrouve d’ailleurs deux éléments fondamentaux de cette liberté, l’improvisation a toujours été un élément essentielle du Jazz, pendant que le Rap a toujours prôné le freestyle.


Ces deux musiques ont évolués dans le temps et se sont mélangées à d’autres genres, parfois sous les coups de tonnerres des puristes nostalgiques de la « grande époque ». Mais pourtant, c’est la nature même d’une musique d’évoluer pour perdurer et s’adapter à son époque. Au cours de son évolution, le Jazz intégrera tout au long de son histoire des éléments d’autres musiques en passant par le Funk, le Rock et bien d’autres. Le Hip Hop a suivi une évolution similaire intégrant des éléments de Rock, de Pop, de Funk, d’Electro au cours de son histoire.
Revenons à des notions plus concrètes sur cette fusion. Si le rap emprunte énormément au Jazz, le Jazz, dans une moindre mesure, a aussi emprunté au Rap pendant la période de gloire de ce dernier. Des artistes comme Miles Davis ou Ronny Jordan intégreront des couplets rappés dans leurs chansons au début des années 90. Pourtant, c’est bien le Rap qui s’est inspiré fortement du Jazz avec notamment la technique du sample, mais également des instruments lives pour certains groupes.
Si on remontre un peu dans le temps, les premières traces du Jazz-Rap peuvent être trouvées dans les années 70 avec des artistes comme The Last Poets ou Gill Scoot-Heron. Bien qu’ils soient considérés comme des influences directes du sous-genre, ce n’est pas les principaux protagonistes de son émergence.
Retrouves la deuxième partie de l’article :
La fusion du Jazz et du Hip Hop – Partie 2
Le Jazz s’invite dans le Hip Hop