Bien que n’ayant jamais collaboré ensemble, la relation entre Nas et Jay-Z remonte au milieu des années 90. En 1994, avant même la sortie de Illmatic, Nas, originaire du Queen, est déjà vu au sein du Hip Hop comme l’enfant prometteur du rap new yorkais. Tous les grands producteurs de l’époque veulent fournir un beat pour l’album, on retrouve d’ailleurs Q-Tip, DJ Premier, Large Professor ou encore Pete Rock. L’album fortement acclamé par la critique, Nas devient instantanément une star et l’un des meilleurs rappeurs de sa génération, son deuxième album It Was Written viendra confirmer, en 1996.
Alors que Nas est déjà une star en 1996, Jay-Z, de son côté, n’est qu’un jeune dealer de drogue qui se met à rapper, formé un peu plus tôt par Jaz-O. Avec cette envie de s’en sortir, le rappeur de Brooklyn crée son propre label, Roc-A-Fella, et sort son premier album sans réel espoir de succès, du rap pour faire du rap. Pourtant Jay-Z fait preuve d’une grande technique au micro, avec des lyrics affutées, tout en utilisant la technique du freestyle de Notorious BIG, rapper en studio sans écrire les paroles. Reasonable Doubt sera finalement un succès et Jay-Z continuera alors sa carrière de rappeur.


Quel est le rapport entre Jay-Z et Nas me direz-vous ? Et bien, il faut savoir que les deux se fréquentant occasionnellement, Jay-Z a invité Nas à poser sur Reasonable Doubt, et notamment le morceau Bring It On. Cependant, bien qu’ayant accepté, Nas ne s’est jamais présenté au rendez-vous. Pourtant, à l’époque les choses en resteront là. Jay-Z est sans doute un peu déçu et énervé, mais ne déclenche pas les hostilités pour autant, bien qu’il y ait quelques allusions un peu masquées dans leurs chansons dans les années qui suivront.
C’est en 2001 que Jay-Z attaque Nas de manière bien plus directe sur la chanson Takeover qu’il interprète au Summer Jam. La chanson contient une rime sous-entendant que Nas est un rappeur terminé, qu’il n’a plus le succès des années 90. Avec cette punchline, il insinue qu’il est maintenant le seul représentant de New York. Jay-Z se proclame en effet comme le digne héritier de Biggie et aussi le King de New York.

Jay-Z
I know you miss it, Nas, the (Fame)
But along with celebrity comes ’bout seventy shots to your frame
– That’s why your (Lame), career’s come to an end
It’s only so long fake thugs can pretend
Nas répond presque instantanément avec le morceau Ether, s’attaquant directement à Jay-Z dès les premières lignes avec une reprise de 2pac disant « Fuck Jay-Z ». Nas clamera haut et fort qu’il est encore présent parmi les plus grands rappeurs, qu’il est de retour, et qu’il est bien le King de New York. En réponse, Jay-Z retravaille Takeover pour y intégrer un couplet entier consacré à Nas. A cet instant, les fans ont déclaré Nas comme le grand vainqueur de ce beef, avec des paroles beaucoup plus vicieuses et impitoyables.
Nas
The king is back, where my crown at?
– It’s like an AIDS test, what’s the results?
Not positive, who’s the best? Pac, Nas and Big
– When these streets keep calling, heard it when I was sleep
That this Gay-Z and Cockafella Records wanted beef
– You been on my dick nigga, you love my style, nigga (« Fuck Jay-Z »)

La bataille du King de New York démarre. Nas et Jay-z axeront leurs futurs albums, respectivement Stillmatic et The Blueprint sur cette querelle. Nas apparait sur la cover au-dessus de New York. Le nom de son album est une référence directe à Illmatic, insinuant que ses années de gloire avec Illmatic sont toujours d’acutalité. Le Illmatic gravé dans la pierre vient enrichir cette idée de stabilité : Illmatic est et restera pour toujours un classique. De son côté Jay-Z apparait comme le boss, assis sur un bureau fumant un cigare, il est maintenant le businessman qui tient les ficelles de New York.


Par la suite, Jay-Z répond à Ether avec un freestyle sur l’instrumental de Got Ur Self… de Nas. Lors de ce freestyle, baptisé par la suite Supra Ugly, Jay-Z s’attaque directement à la copine et la fille de Nas, en crachant des insanités sur les deux proches du rappeur du Queen. Outrée par les paroles obscènes de la chanson, la mère de Jay-Z lui impose de s’excuser publiquement, ce qu’il fera un peu plus tard, marquant la fin des confrontations directes (disstracks) entre les deux rappeurs. Le conflit s’atténuera jusqu’à la réconciliation officielle avec une collaboration sur Black Republican en 2005 sur l’album Hip Hop Is Dead de Nas.
Qui est le vrai king de New York à cette époque ? Qui a réellement gagné ? Difficile à dire, mais Nas a pu relancer sa carrière et marqué son retour sur le devant de la scène grâce à Ether. Même si les fans ont globalement déclaré Nas comme le vainqueur du beef, la signature de Nas sur Roc-A-Fella en 2005 peut laisser penser le contraire.
Nas a en fait signé sur Def Jam et non Rockafella. On va dire que Nas a gagné la bataille mais Jay-Z a gagné la guerre. Nas n’a pas su confirmer après God’s Son alors que Jay-Z « prend sa retraite » sur le toit de New York » après 2 albums succesful, un label et un roster au top. Il devient Président de Def Jam et signe son rival. Tactical moves
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C’est en effet ce que tout le monde dit
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