Old School Hip Hop : les fondateurs d’un mouvement

Old School Hip Hop : les fondateurs d’un mouvement


Part 3 – La naissance et la diffusion de la culture Hip Hop (3/5)

Si certains ont inventé les techniques de DJing ou de emceing, d’autres ont contraire plutôt insufflé les valeurs et la culture du Hip Hop. C’est ici que Afrika Bambaataa entre en scène. Difficile de dire avec exactitude quand il est arrivé sur la scène Hip Hop, certains datent ses premières block-parties avant DJ Kool Herc au tout début des années 70, ce qui ferait de lui l’inventeur du Break-beat, d’autres indiquent plutôt la fin des années 70, vers 1977. Personnellement, j’opterai plutôt pour la seconde option au vue de son histoire.

Quoi qu’il en soit, l’apport d’Afrika dans le Hip Hop n’est pas tellement musical, ou tout du moins pas dans les innovations techniques, pas parce qu’il est un mauvais DJ, bien au contraire. Il a d’ailleurs contribué à créer un son particulier du Hip Hop avec des sonorités très électroniques et futuristes, un style « Electro-Boogie » ou « Electro-Funk », qui pourrait être considéré comme l’un des précurseurs de l’Electronica ou la House, et qui inspireront notamment des groupes comme West Street Mob, Whodini ou Mantronix au début des années 80. Mais son impact réside plutôt dans le développement de la culture et des valeurs du Hip Hop, et dans son implication auprès des jeunes des quartiers. 


Les Black-Spades

Membre respecté du gang des Black Spades, Bambaataa est paradoxalement un promoteur de la paix, de l’unité et de l’amour, valeurs qu’il portera dans le Hip Hop. En réalité, les Black Spades avaient originellement pour objectif de défendre les communautés noires et promouvoir l’unité, s’inspirant des idéologies de la Five-Percenters Nation et de la Nation of Islam. Le gang défendait leur territoire contre le crime et protégeait les habitants, plutôt que de s’adonner aux activités illicites telles que le trafic de drogue. La philosophie du gang, quelque peu inhabituelle, s’estompera avec le temps et ses membres deviendront beaucoup plus violents aux milieux des années 70, ce qui conduira le gang vers le déclin.

De par son rôle de chef de division au sein des Black Spades, Bambaataa a pour mission de recruter et d’étendre le territoire du gang, ce qu’il fait très bien grâce à son excellente capacité de communication. Il étend considérablement son influence et son réseau, ce qui fait de lui quelqu’un de connu dans les différents quartiers de New York.


L’Universal Zulu Nation

S’écartant du gang n’appréciant pas ce qu’il est devenu, Bambaataa fonde, à la fin des années 70, la première organisation Hip Hop, Bronx River Organization, qui deviendra rapidement l’Universal Zulu Nation, un collectif de rappeurs, danseurs, DJs et graffeurs. Il fonde également les Soulsonic Force, un groupe d’une vingtaine de rappeurs également membres de la Zulu Nation. Il commence alors à organiser des block-parties dans le quartier qui deviennent très populaire et la Zulu Nation s’agrandit, notamment grâce à ses connexions obtenues par son statut d’ancien membre reconnu des Black Spades. La culture Hip Hop, à tous les niveaux, se répand dans tout New York comme une trainée de poudre.

A ce moment, la volonté de Bambatta n’était pas nécessairement de promouvoir le Hip Hop en tant que tel, mais plutôt de créer un mouvement pour transmettre les valeurs de la paix, de l’amour, de l’unité, de l’amusement, de la connaissance et de l’enseignement tout en écartant les populations noirs des gangs, de la drogue et de la violence. Mais ce sont en réalité les valeurs originelles et fondamentales du Hip Hop qui étaient en train de se forger et surtout de se répandre.

Dans cette volonté de répandre ses valeurs au-delà de New York et des États-Unis, Bambatta organise en 1982 la première tournée de l’histoire du Hip Hop avec d’autres membres de la Zulu Nation. Cette tournée aura un impact mondial sur la transmission et la promotion des valeurs de la culture Hip Hop portées par le DJ et la Zulu Nation. Le Hip Hop, et en particulier ses valeurs, va maintenant au-delà des frontières de New York et porte en lui une culture, une musique, un art de vivre avec un rayonnement mondial.

Par Grégoire Zasa

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