G-Unit / Shady / Aftermath, 2003
En 2003, 50 Cent était très attendu, sans doute autant que Snoop Dogg en 1993 ou Nas en 1994. Le jeune rappeur vient de la rue, avec un passé de dealer de drogue. Il a d’ailleurs commencé à dealer à l’âge de 12 ans. On peut dire qu’il a eu du mal à s’en sortir mais pourtant sa passion du rap l’a toujours animé. Même lorsqu’il était un caïd de la drogue et qu’il trainait dans des combines louches des quartiers du Queens, 50 Cent s’exerçait à rapper. Et déjà à cette époque, il avait du talent, mais il lui fallait trouver une issue pour sortir de la drogue et avec 50 centimes en poche, la tâche est ardue.



Il fait la rencontre de Jam Master Jay du groupe Run DMC courant de l’année 1996 avec lequel il enregistre quelques titres jamais sortis. Plus tard, il apparaît sur le morceaux React de Onyx sorti en 1998 sur l’album Shut Em Down. C’est ainsi que ces débuts dans le rap commencent.
Dès 1999, 50 Cent signe avec une grosse maison de production par l’intermédiaire de Trackmasters, Columbia Records. Cette même maison qui a produit de très grandes stars de rap et bien au-delà, comme Nas, Fugees, AC/DC, Mariah Carey, la liste est longue. 50 Cent enregistre un premier album Power Of The Dollar prévu pour l’année 2000. La production met les moyens et des grands noms sont à la production comme Tackmasters, Erick Sermon ou L.E.S, mais aussi en featurings comme Destiny’s Child, Bun B ou Noreaga. Le cocktail semble être parfait pour assurer le succès du jeune rappeur avec un bon mélange entre hit et street credibilty.
Son premier single How To Rob est un succès. Malheureusement, la jalousie attire les convoitise. 50 Cent est toujours dans ses histoires de drogue et gang, dont certains ne veulent pas le laisser partir. Quelques mois avant la sortie de Power Of The Dollar, 50 Cent se fait tirer dessus à neuf reprises. Il passe treize jours à l’hôpital. Miracle, 50 Cent survit à ses blessures. Malheureusement, suite à l’incident, Columbia suspend la sortie de Power Of The Dollar et 50 Cent se fait virer de la maison de disque. Retour à la case départ.
Entouré de son crew, le G-Unit, composé de Tony Yayo, Young Buck et Lloyd Banks, le rappeur du Queens sortira plusieurs mixtapes courant de l’année 2002, notamment Guess Who’s Back et 50 Cent Is The Future. Repéré par Eminem, ce dernier le présente immédiatement à Dr Dre pour le signer sur son label, Shady Records, et indirectement sur Afthermath. Il réalise une première track entouré de ses nouveaux managers, Wanksta, qui sortira sur la soundtrack 8 Mile.
Interscope lui offre son propre label dès 2003, peu avant la sortie de Get Rich Or Die Tryin, sur lequel il signe les membres de son propre groupe, le G-Unit. Entouré d’Eminem et de Dr Dre, l’attente est grande. La popularité de 50 atteint son apogée, d’un côté adoré et adulé, d’un autre détesté et décrédibilisé.


L’empreinte de Dr Dre se ressent sur l’intégralité de l’album. Le duo Eminem/Dr Dre va venir corriger la faiblesse de certaines productions des précédentes réalisations de 50 Cent. Le duo se retrouvent sur la majorité des titres. Les productions sont très street, New Yorkaise des années 2000, mais avec un côté rythmé, elles tiennent très bien en haleine. L’album est marqué par des grosses basses puissantes et des bruits sourds, accompagné de synthé, avec parfois un petit côté clubbing, notamment sur le tube In Da Club. L’ajout de bruits d’armes et de balles dans les prods rajoutent au côté Gangsta, très présent sur Heat notamment.
50 Cent remet sur le devant de la scène le Gangsta Rap, mais dans un style bien différent de ses prédécesseurs, plus moderne. Ici, on alimente le fantasme du Gangsta : glamour, dangereux, extravagant, respecté, violent, impitoyable. 50 Cent est un gangster bling bling, un gangster fêtard, mais sa street credibilty n’est pas à prouver pour autant. Le flow de 50 est parfois un peu plat sur la longueur, qui est coupé par son excellente capacité à faire des passages chantés qui accrochent, à l’image de Many Men ou 21 Questions qu’il partage avec Nate Dogg. D’innombrables gros tubes vont joncher l’album comme l’incroyable Patiently Waiting avec Eminem ou la sous-côté Back Down. Pourtant certains titres paraissent en dessous des attentes et sont dispensables.
Entre récit de gangsta impitoyable, histoires sombres et singles pour clubs, Get Rich Or Die Tryin est un album calculé, calculé comme un blockbuster d’une production Hollywoodienne. Mais il fonctionne à merveille. Dr Dre et Eminem lui ont déroulé le tapis rouge pour en faire la nouvelle star de New York, permettant à Dr Dre de faire revivre une nouvelle fois le gangsta rap. Même si très bien accompagné, 50 Cent n’est pas en reste, il est une icône de la rue, capable de créer de l’émotion avec ses histoires lugubres. Les histoires de gangs ont toujours été attrayantes pour le public, ça fonctionne.
Considéré par certains comme un classique des années 2000, par d’autres comme un album ultra commercial. L’album est en effet très commercial, très calculé, mais il est d’une grande qualité, très bien produit et très bien orchestré. Il a marqué son époque. Le G-Unit a dominé le rap pendant une période. Un album qui a fait découvrir le rap à toute une génération, dont je fais partie. Le G-Unit est une marque, un style vestimentaire, le prototype du gangsta rappeur. L’ère Afthermath/Shady/G-Unit est enclenchée.